Dans le cadre de ce super-réseau européen, des câbles sous-marins à haute tension établis dans la mer du Nord pourraient relier des parcs éoliens offshore situés au large des côtes allemandes et britanniques avec des centrales hydroélectriques norvégiennes, des installations marémotrices belges et danoises ainsi que des parcs solaires et éoliens implantés sur la terre ferme de différents partenaires européens. Ce réseau international permettrait ainsi de compenser les fluctuations météorologiques dans diverses régions et assurerait un approvisionnement fiable en électricité verte, y compris aux heures de pointe. Il servirait à accroître la sécurité énergétique des pays signataires, tout en aidant à optimiser la production éolienne offshore d'électricité.
Du point de vue technologique, l'utilisation de la technologie HVDC (High Voltage Direct Current) est selon l'Association européenne de l'énergie éolienne (EWEA) la plus adaptée pour l'exploitation du réseau offshore. Il existe actuellement 2 principaux types de liaison HVDC : la technologie conventionnelle LCC-HVDC (Line Commutated Converter), largement utilisée dans le monde, et la technologie récente VSC-HVDC (Voltage Source Converter), plus appropriée aux besoins spécifiques en mer, car permettant des liaisons longue distance (jusqu'à 600 km) avec des pertes minimes. Grâce à son faible encombrement, son impact environnemental et ses coûts de construction sont minimisés. Enfin, cette technologie est directement compatible avec les réseaux à terre. Les 2 grands fabricants de la technologie VSC-HVDC sont ABB, leader mondial des technologies de l'énergie et de l'automation, et Siemens.
En Allemagne, le gouvernement souhaite quadrupler (de 7% actuellement à 25%) d'ici 2025 la part d'énergie éolienne dans la production électrique [2], et assurer la moitié de l'approvisionnement électrique d'ici 2030 avec des énergies renouvelables (EnR). Actuellement, d'après l'EWEA, plus de 100 GW de projets en éolien offshore sont en cours, susceptibles de couvrir à l'avenir plus de 10% de l'approvisionnement énergétique européen. Ainsi, le réseau international aiderait l'Union européenne elle-même à atteindre ses objectifs en matière de production d'EnR pour 2020 et 2030 (objectif 2020 : 20% d'électricité de source EnR). Selon l'Agence européenne de l'environnement, les éoliennes pourraient fournir plus de 3.000 TWh d'ici 2030, ce qui représente presque 80% de la consommation électrique européenne estimée. Au-delà du défi technique de la construction d'un réseau européen en mer intégrant les 40 GW d'énergie éolienne offshore attendus d'ici à 2020, et les 150 GW d'énergie éolienne offshore attendus d'ici 2030, les défis principaux demeurent la réglementation et l'autorité de gestion d'un tel réseau, et notamment son intégration dans l'initiative européenne. Un super-réseau européen ne pourra pas voir le jour sans une vision européenne globale, impliquant un véritable engagement de la Commission européenne, du Réseau européen des gestionnaires de réseau de transport d'électricité (REGRT-E, [3]), d'associations telles que l'EWEA, ainsi qu'une forte coopération entre les Etats membres, et un accès au financement.
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