Un des cinq sites français de l'entreprise Quaron, basée à Haubourdin, vient d'être classé « Seveso seuil haut ». L'entreprise est spécialisée dans le conditionnement et le transport de produits chimiques.
Non, elle n'a pas changé. N'a rien modifié à son fonctionnement, encore moins à son conditionnement. Et pourtant, la société haubourdinoise Quaron vient d'être classée « Seveso seuil haut ».
À cause d'un changement de classification de l'eau de Javel, désormais considérée par les instances européennes - et retranscrit dans le droit français - comme produit dangereux. Ce qui oblige l'entreprise haubourdinoise à se soumettre à une nouvelle étude de dangers.
Oui, le site nordiste, qui s'étend sur 5 hectares dans le quartier de la Râche et compte trente et un salariés, peut présenter - comme tous les sites Seveso II, d'ailleurs - un risque pour son environnement. Quaron est une société de négoce de produits chimiques. Pas de production sur site, encore moins de « formules de perlimpinpin », s'amuse son directeur de site, Stéphane Minnaert. « Nous sommes des logisticiens. On gère le conditionnement, la distribution et le transport de produits chimiques. » Dans un open space à l'allure futuriste, les salariés haubourdinois achètent, à des producteurs européens de chimie, acides et bases revendus ensuite à des industriels régionaux du textile, de la pharmacie, de l'alimentation animale...
« En autarcie »
Dans un laboratoire situé à proximité des magasins de stockage, un chimiste analyse de nouveaux échantillons. Le rituel est immuable. Tout produit, qu'il soit entrant ou sortant, passe au crible.
Depuis son installation à Haubourdin en 1999, le site, qui était classé « Seveso seuil bas », limite tout risque toxique. « On ne peut pas être amateurs dans ce domaine-là », lâche le directeur du site. Lequel se soumet régulièrement à des contrôles de la direction régionale de l'équipement, de l'aménagement et du logement (la DREAL, autrefois appelée DRIRE). Et adopte des mesures pour éviter tout épandage chimique.
Dans un hangar à ciel ouvert, les conteneurs, alignés les uns à côté des autres, disposent tous de bacs de rétention : « Tout le site est en autarcie. Un épandage serait récupéré par des canalisations qui renverraient vers un bassin de confinement. En plus, nos salariés sont formés et testés régulièrement. » Chaque année, le site haubourdinois investit dans de nouveaux matériels d'exploitation : « Un dépôt, ça vit, ça vieillit. » Avec cette nouvelle réglementation sur l'eau de Javel, la société devra se soumettre à un plan de prévention des risques toxiques qui sera, à terme, prescrit par la préfecture et, sûrement, adopter de nouvelles mesures. Aux frais de Quaron.
« On devra financer une nouvelle étude de dangers mais ce n'est pas si mal puisque cela permettra à la DREAL de vérifier nos installations une fois par an, positive Stéphane Minnaert. Dans l'absolu, c'est mieux ! »
PAR M.-C. NICODÈME