Une étude montre que la majorité des hommes ne savent pas qu’ils peuvent être atteints d’un cancer du sein. Et pourtant, près d’un cancer du sein sur 100 touche un homme, et le diagnostic est souvent posé tardivement. Cet « octobre rose » offre l’opportunité d’en parler.
La lutte contre le cancer du sein est une cause essentiellement féminine : course en talons hauts, octobre rose (la couleur typiquement réservée aux filles), les campagnes de dépistage organisé pour les femmes… Et personne ne parle du cancer du sein chez les hommes. En cet octobre rose, il est important de soulever le tabou.
Sur 100 personnes atteintes d’un cancer du sein, 99 sont des femmes… donc une personne est un homme. Sachant que 1,3 million de femmes ayant un cancer du sein sont diagnostiquées chaque année dans le monde, le calcul est rapide. En France, cela représente environ 500 hommes tous les ans. Considéré comme rare, le cancer du sein chez l’homme est néanmoins une maladie réelle, qui doit être prise en compte par le grand public, mais surtout par les médecins généralistes.
Sur 100 personnes atteintes du cancer du sein, 1 est un homme. Le plus souvent diagnostiquée entre 60 et 70 ans, la maladie peut être traitée de la même manière que chez la femme. © hiro008 / Licence Creative Commons
Dans la revue American Journal of Nursing, Eileen Thomas de l'université du Colorado, a notamment voulu analyser les connaissances de la maladie chez l’homme, par les hommes. À ce propos, elle a questionné 28 hommes âgés de 30 à 60 ans, n’ayant pas été eux-mêmes touchés par la maladie, mais ayant eu une parente féminine atteinte d’un cancer du sein.
Eileen Thomas a observé que 79 % d'entre eux n’avaient pas conscience qu’un homme pouvait être atteint de la maladie. Bien qu’ils aient des risques accrus de développer la maladie dus aux antécédents familiaux, ils ont avoué n’en avoir jamais discuté avec leur médecin généraliste. De plus, selon 43 % d’entre eux, être atteint de la maladie porterait atteinte à leur masculinité.
Un diagnostic souvent tardif:
Ces résultats contribuent à expliquer le diagnostic souvent tardif du cancer du sein chez les hommes, et donc à un stade déjà plus avancé (en moyenne à 65 ans contre 61 ans chez les femmes, mais des cas de 5 à 93 ans ont été rapportés). Au stade équivalent de la maladie, le taux de survie est le même, mais le taux de mortalité est plus élevé chez les hommes, à cause du diagnostic tardif. Étant donné le peu de tissus mammaires chez l’homme, une tumeur est plus facilement décelable, mais elle envahit aussi plus rapidement les tissus alentours.
D'après le National cancer institute, les facteurs de risques sont des expositions à des radiations, une maladie augmentant le niveau d’œstrogènes (comme la cirrhose ou le syndrome de Klinefelter qui correspond à la présence de 3 chromosomes sexuels, deux X et un Y), ou des antécédents familiaux de cancers du sein, surtout ceux qui possèdent une version altérée de la protéine BRCA2 (5 à 10 % des cas de cancer du sein).
La plupart des cancers du sein diagnostiqués chez l’homme (80 %) sont des carcinomes canalaires infiltrant, le type également le plus courant chez la femme. Toutefois, une forme de cancer féminin n’a jamais été retrouvée chez l’homme (carcinome lobulaire in situ). Les traitements sont néanmoins équivalents à ceux des femmes, à savoir la chirurgie (souvent plus invasive), la chimiothérapie, l’hormonothérapie et la radiothérapie.
Le cancer du sein chez l'homme existe donc réellement et ne remet pas en cause la virilité. En cas de doute, parlez-en à votre médecin.
Par Claire Peltier, Futura-Sciences
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